Dimanche 28 novembre 04
J'aimerais bien qu'on arrête de s'engueuler tout le temps. Ou
qu'on le fasse intelligemment, de manière à évoluer d'une manière
utile. Avancer vers plus de respect de l'autre, de compréhension,
d'écoute. Que tu arrêtes de passer tes nerfs sur moi. Je voudrais que
tu acceptes que je puisse souffrir parfois, être triste, et avoir
besoin de réconfort.
Je trouve que je suis déjà bien gentille
avec toi, je te donne les photos que tu veux, je te montre des trucs
dont je pense qu'ils te plairont, et en retour je me fais toujours et
encore crier dessus.
Rajoute au total que j'ai pas mal de sentiments pour toi, et ne t'étonnes pas que ça me fasse du mal.
Et si tu pouvais aussi accepter que je sois maladroite avec les gens,
dont toi, ça serait tout de suite beaucoup mieux. C'est des choses qui
ne coulent pas de source chez moi, je dois apprendre.
Msn, ça
peut plus jouer. Problèmes de degrés qui passent jamais. C'est vrai que
quand je parle à des gens, le sens de mon discours repose vachement sur
l'intonation que je prends. Je le remarque bien. Mais l'avantage que je
trouve à msn, c'est que c'est évidement moins intime que de téléphoner,
et puis il y a conversation beaucoup plus longtemps que si c'était de
vive voix.
Jean me manque. Même si ça n'a rien à faire ici. Antoine me manque. Non plus rien à faire ici.
Je crois qu'il est possible que je reporte sur toi l'affection que j'ai
besoin de donner, et pour laquelle je n'ai pas beaucoup d'autres cibles
possibles.
En fait je voudrais mieux te connaître. Savoir par
exemple à quel niveau se situe ton besoin de voir un psy. Je me demande
vraiment ce qui va mal chez toi. Même si maintenant que nous nous
parlons plus souvent j'ai l'impression de mieux te cerner. La
certitude, c'est qu'il y a vraiment chez toi des tas de trucs qui me
plaisent. Je ne refuserais sûrement pas que tu sois mon premier petit
copain important, avec lequel je pourrais vivre des trucs
exceptionnels. Encore faudrait-il que tu en aies aussi envie. Et ça
c'est pas gagné du tout.
Jeudi 25 novembre 04
Ben tu m'as rendue salement malade. Infection urinaire. Merci beaucoup.
Crétin. Ceci dit, au moins je ne suis pas enceinte. C'est évident que
la question se serait à peine posée : j'aurais évidement avorté, mais
je me demande comment j'aurais supporté ce quart de meurtre.
Je ne crois pas que nous recoucherons ensemble. Pourtant je ne dirais
pas non. J'aimerais bien. Sinon j'en suis toujours à souhaiter que tu
puisses m'aimer un jour, et malgré toutes nos différences, je crois que
ça pourrait être bien.
Et moi qui te pardonne encore. Tu aurais pu y penser.
On change de capote, patate.
Anaïs Nin
Cette chanson me parle beaucoup.
(Et oui, un apparté au journal de Guillemette...)
Renaud et Romane Serda - Anaïs Nin
Paris, 14 avril
Ma vie est un exil
J'envie des jours tranquilles
A Clichy
Henri, volcan velours
Bandit au souffle court
J'écris la nuit, le jour
Tout mon amour
Mon amour
Là dans mon journal
Refrain
Anaïs Nin à le diable au cur
La douleur assassine
Anaïs Nin,
Anaïs
Infiniment féminine
Anaïs Nin à le diable au cur
La douleur assassine
Anaïs Nin,
Anaïs
Miller
J'ai fuit le bruit des villes
La pluie est un exil
Elle coule des jours tranquilles
A Clichy
Henri j'ai le cur lourd
Du gris qui nous entourent
Je cris depuis toujours
Tout mon amour
Mon amour
Là dans mon journal
Refrain
Anaïs Nin à le diable au cur
La douleur assassine
Anaïs Nin, Anaïs
Infiniment féminine
Anaïs Nin à le diable au cur
La douleur assassine
Anaïs Nin, Anaïs
Miller
J'ai froid le temps d'un taxi
Et me voila contre toi, Henry
Attend moi
Je te suis peut m'importe
Si parfois la nuit nous trahis
Enfer ou paradis
Apprends moi l'interdit
L'interdit
Renaud/Romane
Anaïs Nin à le diable au cur
La douleur assassine
Anaïs Nin,
Anaïs
Infiniment féminine
Anaïs Nin à le diable au cur
La douleur assassine
Anaïs Nin
Anaïs
Miller
Anaïs
Miller
Anaïs
Miller
Jeudi 18 novembre 04
Je me souviens que la semaine dernière à cette heure-là j'étais tout
excitée à l'idée d'être dans tes bras dans 24 heures. Je jouais
l'amoureuse heureuse de revoir l'homme qui l'aimait, et qu'elle aimait,
qu'elle n'avait pas vu depuis trop longtemps. Il paraît que j'avais
l'air rêveur de celle qui imagine déjà le bonheur dont elle jouira
contre son homme, sous ses caresses...
J'avais du plaisir à jouer l'amoureuse devant les gens de mon secteur
de classe. Devant eux ou pas, non, ce n'était pas ça l'important.
J'adore jouer à faire comme si j'étais amoureuse. C'est doux comme jeu.
Bonheur facile même s'il est fictif, surtout.
J'ai été heureuse de te voir il y a six jours. Je voudrais que tu le
saches, ça. Mais que tu n'en tires pas de fierté. Pense à tout ce qu'il
a derrière comme affection, même si tu ne la partage pas.
Dis, c'est simple cette idée, non : Le bonheur est une course à la
qualité plutôt qu'à la quantité. Mais je ne sais pas pourquoi je te dis
ça.
Tu sais, toi qui te refuses à voir que j'ai changé, aujourd'hui je ne
trouve plus ça beau d'aimer sans espoir, je trouve ça idiot. Je ne
t'aime pas. Mais j'ai envie d'aimer. Aimer, c'est vivre, n'est-ce pas ?
Celui qui n'a plus de coeur, ce n'est plus vraiment un homme...
M'endormir dans le lit d'un homme, avec lui, je voudrais que ce soit au
moins une fois par semaine, je voudrais qu'il me murmure des choses
gentilles et tant pis si je les trouve ridicules, après qu'on ait fait
l'amour. Je voudrais savoir naturellement, et sans me forcer, me couler
contre lui au réveil, et connaître un plaisir différent de celui qui
découle de l'acte sexuel.
Avec toi vendredi dernier, je crois que je n'étais pas vraiment moi, et
que finalement je n'ai pas ressenti autant de plaisir que ce que
j'espérais, que ce dont j'avais rêvé. Mais rassures-toi, j'ai aimé.
Sinon je n'en aurais pas redemandé. Ou bien j'aurais refusé ; je me
sentais en position de refuser, si je ne voulais pas.
Avec le recul, je me rends compte de combien ça devait être ridicule,
pour toi, de voir une fille ne pouvoir dormir qu'avec sa peluche dans
la main... Cette idée m'amuse ; la première nuit que j'ai passée avec
un homme, c'était avec mon ouistiti aussi. Comme ça, c'était aussi
probablement pour toi la première fois que tu as dormi avec un
ouistiti, et c'était avec une femme aussi.
Je dis des trucs sans intérêt, mais c'est pas si grave que ça, je pense.
Mardi 16 novembre 04
Est-ce qu'un jour tu arrêteras de mépriser tout ce qui m'arrive ?
Ce journal n'a peut-être plus sa raison d'être. Tu n'es plus l'homme
que j'aimerai. Ça sonne comme une sentence. Et tu t'en tapes.
Tant pis. Je le continue, ce journal.
J'adore quand je fais rire une de mes copensionnaires, et qu'elle me dit : "Tu devrais écrire un livre !".
J'existe, tu sais. Et avec une autre vocation que celle de coucher avec
toi, et je ne suis pas faite que pour être sodomisée, même si je
mouille beaucoup. Et pis, t'as même pas été foutu de me faire jouir...
Je crois que je n'y arriverais qu'avec un homme que j'aimerais. Ah
tiens, ça tourne en rond cette histoire-là. Ce ne sera pas toi qui
m'ôtera cette certitude. S'il te plaît, si prochaine fois il y a,
pourras-tu ne pas t'acharner ?
Une journaliste qui veut m'interviewer ! Excuse-moi de trouver ça
réjouissant. Excuse-moi qu'il puisse exister des gens pour apprécier ce
que je fais...
J'attends le jour où quand tu penseras à moi l'image qui te viendra aux
yeux sera autre chose qu'un trou. Suis-je trop optimiste en pensant
qu'un jour ça sera le cas, et que ce jour-là je pourrais obtenir de toi
un compliment autre que : "Tu baises bien.". Me diras-tu, droit dans
les yeux, que tu me trouves bien, que tu aimes être avec moi, que tu
aimes me parler, que tu me trouves intelligente, talentueuse, douée...
?
J'exagère.
J'aimerais juste avoir à tes yeux des capacités autres que celles requises pour l'exercice de la prostitution.
Bon, c'est vrai que dans nos 18 heures passées ensemble, je ne t'ai pas
laissé l'occasion de croire que tu m'intéressais pour autre chose que
du sexe. Le pire, c'est que tu dois être du genre à trouver ça excitant
d'être traité comme un objet sexuel. Je suis même pas foutue de faire
un câlin. Je connais si peu la tendresse. Et ce n'est pas toi qui me
l'apprendra.
J'ai aimé m'endormir avec ta main sur moi. J'aurais voulu savoir te donner plus que du sexe, et oser t'en demander d'avantage.
Est-ce que des "j'aimerai t'aimer" suffisent à se donner l'impression d'une vie sentimentale un peu remplie ?
Lundi 15 novembre 04
Par contre, moi, je sais qu'il y a chez toi autre chose que ce côté obsédé qu'on remarque à première vue.
J'ai toujours eu envie de rencontrer un jour ce côté-là (L'autre, donc.).
Dimanche 14 novembre 04
Alors on s'est vu, alors on a parlé, alors on a couché ensemble. J'ai
dressé de cela, à mes parents, puisqu'ils le prenaient déjà si mal, un
portrait idyllique. Nous savons tous les deux que c'est faux. Moi, pour
mes parents, j'y mets du sentimental, juste un peu, pour décorer.
Le dimanche, c'est pas mon jour, tu le sais, maintenant. J'ai
l'impression d'avoir passé le week-end dans le train. Mais je les aime
toujours.
Les trains.
La neige.
La nuit.
Le sexe.
Les cunni.
Les voyages.
Les montagnes.
Les gens.
Les rayures.
Les paysages.
Les gares.
Les villages.
Vagabonder.
Ecrire.
Rêvasser.
Ma peluche.
Les livres.
Lire.
Parler.
Ce que j'ai raconté à mes parents, c'est ce en quoi je fais semblant de
croire dans ce journal. Si un jour tu le lis, tu n'y trouveras aucun
intérêt, juste tu te diras que je fais encore la jamais contente, pour
ne pas changer. Je fais l'ornithorynque.
J'aimerais qu'on s'aime, toi et moi.
Dans quelques temps, vu que je l'aurais raconté comme telle si souvent,
notre soirée ensemble aura vraiment été un moment fabuleux, je le dis
hors du temps, je le dis tendre et attentionné, je le dis innocent
malgré tout, vrai et sincère.
Chut... je le sais animal. Je le sais faux.
Ce qui était vrai, c'était le paysage. C'était la montagne et la neige.
Je sais que tu ne me supportes pas beaucoup.
Tu sais que quand je me rappelle que tu es sorti avec Laurah j'ai envie
de te tuer, et elle avec, parce que je ne comprends pas pourquoi ça a
été elle et non pas moi...
Je ne suis pas faite pour l'amour, n'est-ce pas ? Pour le sexe, oui, par contre...
Je me suis endormie avec ta main sur mon ventre. J'avais envie de la
retirer de là, c'est si sale, les caresses d'un homme qui ne vous aime
pas... mais j'avais envie de savoir... et oui, c'est bon de s'endormir
comme ça, se sachant accompagnée.
Moi je ne sais pas si l'amour c'est vrai ou faux. Moi je crois qu'on peut l'inventer.
Moi j'ai si peur de mourir sans l'avoir connu, l'amour.
Il y a des moments qu'on ne voudrait jamais voir finir.
J'ai passé mon week-end à partir, à laisser les gens qui comptent...
C'est dur. Heureusement que j'aime les trains. C'est finalement avec
eux que j'ai passé mon week-end.
As-tu déjà imaginé tout ce que tu te refuses à voir en moi ?
Jeudi 11 novembre 04
Dans 24 heures, si tout se passe comme nous le voulions hier soir, je
serais avec toi ! :) Je suis pressée, et excitée aussi, évidement. Oui,
quand j'y pense, quand je me vois au lit avec toi, quand j'imagine les
sensations quand tu me lèche le sexe... je mouille ma culotte. J'ai
envie de toi. De ta bouche, de tes mains, de ton sexe. Aurais-je aussi
droit à un peu de tendresse ?
Je te voudrais là tout de suite.
Arf, c'est long jusqu'à demain.
J'espère que tout se passera bien et qu'on fera l'amour plus qu'une fois.
Si longtemps que je ne t'ai pas vu. Même plus sûre de pouvoir te plaire encore.
Da di da di da da... :) :D ;)
J'ai peur, un peu, mais si tu savais comme j'ai envie de toi !
J'ai peur que tu me dises que tu as changé d'avis... S'il te plaît, me
fait pas ce coup-là, je risquerais de le prendre vraiment très mal.
Lundi 8 novembre 2004
Hier soir j'ai rêvé que je couchais avec mon prof de maths, je me suis provoqué ce rêve, plutôt.
Elodie a filé mon numéro de portable à un copain à elle. S'il lui a
demandé de sa propre initiative, je devrais plutôt m'en sentir flâtée,
mais si c'est elle qui lui a forcé la main, je devrais lui en vouloir.
Il m'a envoyé un sms auquel je n'ai même pas envie de répondre, quoi
qu'il en soit. En fait j'ai surtout peur qu'Elodie, qui sait tout ce
qu'il y a eu de sexuel entre toi et moi, ait dit que j'étais de ce
genre de fille qui n'ont pas besoin d'amour pour coucher, et qui
méprisent l'affection.
Ce que je ne suis résolument PAS. J'aime le sexe, pourquoi le cacher ?
Mais j'ai besoin d'être aimée, et d'aimer. En vrai. J'en ai marre de
m'inventer des histoires pour pouvoir me regarder dans le miroir sans
me trouver triste, vide, et non-humaine.
J'ai terriblement besoin de tendresse en ce moment. Je ne passe pas une
heure sans m'imaginer dans les bras de quelqu'un qui ferait battre mon
coeur encore plus fort que c'était avec toi, je m'imagine avoir froid
en cours et mettre le pull de mon voisin de devant, qui, sans être beau
ou attirant, est vraiment sympa.
J'ai envie d'exister, et je me suis laissée dire que quand on aime, on existe.
J'en ai marre qu'on dise de moi que je pense comme un mec.